Les 5 propositions de UNOWHY pour une égalité d’accès au numérique à l’école

  1. Assurer une quantité et une qualité d’équipement égales aux élèves et aux enseignants sur l’ensemble du territoire

    Le constat est sévère, la France équipe trop insuffisamment ses élèves en outils numériques et leur disparité est totale. Au primaire, l’équipement est presque anecdotique : 14 ordinateurs pour 100 élèves en moyenne pour l’élémentaire. Dans les établissements du second degré, le chiffre monte à 38, encore loin du 1 pour 1 souhaitable dans le cadre d’une politique publique d’éducation ambitieuse1. Ces moyennes ne révèlent pas les inégalités territoriales qui selon les villes, départements et régions sont souvent criantes.

    Les inégalités sont aussi très importantes entre la métropole et les départements d’OutreMer : 70% des départements d’Outre-Mer fréquentent une école primaire sous-dotée en équipement informatique, contre 33% au niveau national.

La promesse républicaine d’égalité doit également s’appliquer au numérique à l’école. Pour qu’elle ne reste pas lettre morte il convient en premier lieu d’équiper les élèves et les enseignants avec des matériels en nombre et de qualité. (On notera que le corps
enseignant est le seul ensemble de salariés ne bénéficiant pas d’équipement pour réaliser son activité professionnelle). Une fois les équipements déployés, et seulement à ce moment-là, pourra s’envisager une acculturation numérique et une montée en
compétences indispensable à notre époque.

  1. Former les enseignants au numérique dès la formation initiale et tout au long de leur parcours professionnel

    Le besoin de formation des enseignants en matière de numérique est criant. Selon le rapport “Numérique et apprentissages scolaires” du Centre National d’étude des systèmes scolaires (CNESCO), en 2020, seulement 29% des enseignants en collège et 16% de ceux du primaire s’estiment bien préparés à l’usage du numérique. 35% d’entre eux affirment en outre qu’ils utiliseraient davantage le numérique s’ils étaient formés. Ces constats plaident pour la mise en place de programmes de formation d’envergure.

La formation initiale de l’enseignant est le moment propice pour une découverte et une acculturation aux usages pédagogiques numériques : un module spécifique d’initiation et la fourniture d’un équipement individuel doivent être prévus. Si la formation initiale compte désormais un début de formation au numérique, l’auto-formation est la règle chez les enseignants qui gagneraient à suivre un parcours dédié mettant en avant les bénéfices de la pédagogie numérique par delà ses usages utilitaires. L’apprentissage doit également se poursuivre tout au long du parcours professionnel pour développer la pratique et aider
à faire face aux évolutions technologiques, le cas échéant. Alors que tous les salariés ont désormais accès au Compte Personnel de Formation (CPF), les enseignants n’ont que peu connaissance de ce dispositif et de leurs droits. À date, il n’existe aucune donnée chiffrée sur l’usage qu’ils font du CPF. En outre, contrairement à ce qu’il se passe pour les salariés
du privé, le déblocage des fonds CPF pour les enseignants est soumis à validation de l’administration… ce qui ajoute de la complexité au processus. Enfin, si les ressources officielles de formation continue sont riches et plurielles, elles manquent le plus souvent leurs cibles car l’offre est à la fois peu visible et lisible.

Or seule la formation de tous les enseignants permet l’égalité d’accès au numérique à l’école : c’est un pré-requis indispensable pour l’utilisation des outils et ressources pédagogiques numériques, pour l’enseignement qui s’en trouve transformé lui-même et pour la transmission à tous les élèves.

  1. Donner des moyens humains et techniques à la transformation numérique des établissements scolaires : « Un établissement = un correspondant numérique »

    Du fait de la multiplicité et diversité des tâches qui leur incombent, les référents numériques – enseignants référents pour les ressources et usages pédagogiques numériques dans l’enseignement secondaire – peuvent difficilement assumer leur rôle.

Afin qu’ils puissent se concentrer sur l’évolution des usages pédagogiques, la création d’un poste de correspondant numérique dans chaque collège et chaque lycée permettra de les décharger des considérations techniques dont ils n’ont pas l’expertise. Le recrutement de 10 000 correspondants numériques pour accompagner et accélérer la transformation dans le secondaire garantit le bon déploiement des projets numériques de chaque établissement. Ainsi équipés et assistés par des experts, enseignants et élèves peuvent tous se concentrer sur la transmission des savoirs et l’apprentissage.

  1. Rendre obligatoire une certification pour les enseignants afin qu’ils puissent accompagner au mieux la certification PIX des élèves de 3ème et de terminale qui atteste de leurs compétences numériques

    Les compétences numériques constituent un élément essentiel du parcours scolaire, de l’insertion professionnelle et de la vie citoyenne dans une société dont l’environnement technologique évolue constamment. Des études estiment entre 60 et 80% le nombre de métiers nouveaux à forte teneur numérique, à l’horizon 2030. Dans cette perspective, la nouveauté de l’année 2021-2022 va dans le bon sens : l’évaluation des compétences numériques sur la plateforme PIX est désormais obligatoire au collège pour tous les élèves de 3ème et pour tous les élèves de terminale en lycée général, technologique et professionnel.

En regard de ces certifications créées pour les élèves, il convient aujourd’hui de valoriser la formation numérique des enseignants eux-mêmes. Un pendant à la certification PIX pour les enseignants permettrait de reconnaître leurs niveaux et acquis professionnels et de poser les bases d’une égalité d’accès au numérique à l’école.

  1. Promouvoir les acteurs européens des EdTech et la souveraineté européenne en matière de numérique éducatif.

    Depuis 1er janvier 2022, l’exercice par la France de la présidence du Conseil de l’Union européenne est l’occasion de soulever la question de la réponse apportée par l’Europe à l’hégémonie des GAFA et BATX dont l’ambition d’infiltrer le système éducatif est claire.

Les élus français et européens doivent se mobiliser pour faire émerger une réglementation visant à promouvoir les acteurs européens fers de lance et garants de la souveraineté numérique, notamment pour l’école. Cette réglementation, tout en favorisant les acteurs européens pour en faire de nouveaux champions, aura surtout l’avantage d’inscrire l’exigence d’une protection des données hébergées sur le sol européen sans stratégie
miroir aux États-Unis, par exemple. Elle garantira l’accès à des contenus pédagogiques européens ainsi qu’à des logiciels qui n’entravent pas la liberté pédagogique. Cela sera sans doute l’occasion de promouvoir de nouvelles platefomes dont les modèles économiques devront se rapprocher de ce que l’on trouve dans la musique et la vidéo.
Une telle réglementation posera en conséquence les fondements d’un numérique éducatif
responsable et adapté aux spécificités de notre continent.

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